Turquie, Russie, Biélorussie, Isräel, ... le recul des lumières au XXIè siècle.

Publié le 3 Décembre 2023

Dans le bazar ambiant, il est devenu très compliqué de trouver à quoi donner la priorité.

D'un côté, il faut gagner son argent. Travailler et inventer des combines légales pour pouvoir faire de la place à ce qui être sensé, rationnel, utile. Quelles sont les valeurs refuges à l'heure de la guerre qui s'étend?

La famille? Oui sûrement. Mais ça ne suffit pas à gagner sa vie.

Le travail? Alors qu'effectuer de la recherche fondamentale est devenue un privilège (ou un sacrilège, selon l'endroit), le travail de chercheur se réduit à une forme d'ingénierie d'études sous-financées et dont les conditions de stress et de domination hiérarchiques deviennent inacceptables. Dans le monde privé, la liberté académique est a priori nulle, mais cette absence de liberté est a priori compensée par un salaire élevé et qui croît. Dans la recherche publique, on supprime actuellement la chère liberté académique, mais on n'augmente pas non plus les salaires. Alors pourquoi continuer?

La culture. Conserver ce qui peut l'être. Se cultiver au maximum, avant qu'il devienne interdit d'être cultivé ou réfléchi? En Turquie, des académiciens ont été mis en prison après avoir été accusés de conspirer contre le pouvoir en place. Comment ont-ils réussi à survivre en prison? Ils se sont enseigné chacun ce qu'ils savaient. Ils ont été libérés. Ils sont partis de Turquie. Adieu terre natale occupée par l'inacceptable. En Biélorussie, des chercheurs amis tentant de défendre leur travail se sont retrouvés emprisonnés à plusieurs reprises par le régime en place, pour les intimider. Ils ont été contraint d'abandonner leurs fonctions et sont aujourd'hui limités à travailler hors du monde de la recherche pour laquelle ils avaient dédié leurs vies.

Il semble que le monde soit dominé par des psychopathes illettrés prêts à abattre toute substance pensante, toute diversité de culture ou d'opinion. Pourtant, la diversité est le secret de la réussite professionnelle et économique. Qui sait encore que le leadership n'est pas un jeu de domination stupide mais qu'il nécessite en premier lieu d'attirer les esprits curieux, au lieu de les forcer à faire rentrer un rond dans un carré. L'ignorance crasse et bestiale domine. La volonté de dominer rend stagnante l'ensemble de la société et la mène à s'auto-détruire. Comment sortir de là?

A la vue de cette situation, il semblerait que la fin du monde rationnel que j'ai connu soit proche. Nous basculons dans un monde sans autre fondement que l'argent et le pouvoir de certains, dont l'ignorance, la capacité d'auto-analyse et la capacité à cultiver toute réflexion soient déjà passés sous zéro.

Ainsi est-il l'heure de se réfugier là où les hommes ont choisi de continuer à penser, à analyser, et à cultiver la réflexion, la diversité et l'honnêteté. Ces valeurs sont en totale perdition, et même les gouvernements considérés modérés ont abandonné cette voie là.

Rédigé par Thibs

Publié dans #guerre, #intellect, #économie, #société, #politique

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